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Villes et villages

Retrouvez ici l'histoire des jolis villages de notre Oranie natale dont nous gardons le souvenir ému à jamais enfoui dans notre coeur.

"Ils avaient de si jolis noms, ô mes charmants villages !... 
Les uns, comme Valmy, Arcole, Rivoli, Fleurus, Aboukir, sentaient le tambour et la trompette, évoquaient l’épopée napoléonienne et la gloire des armées de la Révolution. 
D’autres avaient pour parrains de grands politiques comme Turgot, Georges-Clemenceau, Thiers, Waldeck-Rousseau… ou des soldats célèbres comme Turenne, Kléber, Pélissier, Lamoricière, Bosquet, Chanzy, Trézel, Lourmel, Perrégaux, Dublineau. 

D’autres avaient pris leurs noms de la littérature : Descartes, Diderot, Renan, La Fontaine, Rabelais, Bossuet, Prévost-Paradol ou dans la chronique des savants et chercheurs : Berthelot, Palissy, Montgolfier. Il y en avait même un qui rappelait le souvenir d’un pur héros : Jean Mermoz. 
Sur cette terre d’Afrique profondément chrétienne, combien de villages avaient pris le nom d’un saint. Et ils étaient là les Saint-Louis, Saint-Rémy, Saint-Aimé, Saint-André, Saint-Leu, Saint-Cloud, Saint-Roch, Saint-Lucien, Saint-Denis et Sainte-Barbe, pour assurer la pérennité d’une civilisation ; ils ne pouvaient pas imaginer qu’ils seraient, un jour, trahis par les leurs. 
Comme ils étaient pittoresques, parfois, les noms de nos bourgs et de nos hameaux : Port-aux-Poules, Trois-Marabouts, Les Andalouses, Ferme-Blanche, Lauriers-Roses. Et comme ils chantaient agréablement avec leurs consonances berbères ou arabes ces noms évocateurs de Bou-Sfer, Mers-el-Kébir, Aïn-Tedeles, Tounin, L’Oggaz, Ammi-Moussa ou Assi-Ben-Okba… 

Du Dahra au Sersou, de la Sebkha d’Oran à la plaine du Sig et de la vallée de la Mina aux steppes alfatières du Sud oranais, vous vous égreniez autour de vos clochers, bruissant le jour des échos du labeur quotidien et fécond, reposant le soir dans une atmosphère de sérénité confiante. 

C’est comme cela que je veux vous revoir, villages chéris, tels que vous étiez avant le terrible exode, c’est ainsi que vous revivez dans notre mémoire et avec le poète en exil, laissez-moi vous dire :

« Combien j’ai douce souvenance 
Des jolis lieux  de mon enfance, 
Ma sœur, qu’ils étaient beaux ces jours. 
O mon pays, soirs de mes amours, toujours. » 

Tiré de "villages de chez nous", de Camille BENDER, Paru dans l'Écho de l'Oranie, n°348, septembre 2013

 Carte oranie 2